NÉE À LA ROCHELLE, VIT ET TRAVAILLE À JALOGNES (CHER)

Il faut percevoir Makarka de Karine Bonneval comme un cheminement autant physique que mental qui renvoie à la terre, aux éléments qui nous nourrissent. En colorant le sucre, en lui donnant cette forme propre à certaines cultures africaines, l’artiste convoque un vocabulaire primitif comme en atteste le titre tiré du créole de la Réunion. Mais ce sucre, c’est également celui de « l’or blanc », ces esclaves qui sous Napoléon assuraient la production du sucre de cane. Cuits à 120°, le sucre noir et pailleté devient ici des sortes de totems menaçants, tuméfiés, suintants, comme autant de figures d’une communauté de suppliciés, symboles des anciens esclaves qui, autrefois, assuraient la fortune de villes négrières telles Bordeaux ou Nantes. Au musée, Karine Bonneval investit les salles d’ethnologie avec une fausse tenue d’explorateur et un costume de Wilder man (l’homme sauvage). « Elles sont des sculptures qui se présentent comme des carapaces de camouflage pour explorer les zones « naturelles » les plus communes, c’est-à-dire un paysage transformé et exploité par l’homme. Elles nous montrent aussi que la nature est un espace imaginaire, un fantasme culturel, qui garde encore aujourd’hui un potentiel de croyances et de craintes dont aucun système de référence ne peut s’abstraire complètement. »

Makarka,  22 pains de sucre. Environ 70 cm de hauteur, diamètre 38 cm. 30 kg chaque, 2015
Cape, feutre technique, piquants d’oursin, crayon, lunettes plastique, bois et feutre, 150 x 68 x 71 cm, 2011
Wilder man. Cheveux synthétiques, tunique coton et feuilles artificielles en tissus. 190 x 40 x 80 cm, 2012

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