RÉSOLUMENT ART CONTEMPORAIN, LA TRIENNALE DE VENDÔME PROPOSE, DU 23 MAI AU 31 OCTOBRE 2015, UN PANORAMA DE LA CRÉATION EN RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE. CONFIÉ PAR LE MINISTÈRE DE LA CULTURE À L’ASSOCIATION EMMETROP (CENTRE D’ART TRANSPALETTE, BOURGES), LE COMMISSARIAT DE CETTE PREMIÈRE ÉDITION PRÉSENTE 25 PROJETS ET UNE TRENTAINE D’ARTISTES AU MANÈGE ROCHAMBEAU, AU MUSÉE DE VENDÔME ET DANS LA VILLE.

Le lancement de la réhabilitation du Manège Rochambeau à Vendôme, propriété de l’État, a permis en effet d’imaginer une telle manifestation. Exemple rare de l’architecture militaire du XIX e siècle, ce bâtiment surprend aujourd’hui encore par sa surface et sa beauté épurée : 1400 m 2 , près de 12 m de hauteur, et surtout cette fameuse charpente de fer, si légère et aérienne, imaginée par l’ingénieur Camille Polonceau en 1854.

Des œuvres de tous médiums : sculptures, installations, vidéos, photographies, peintures, dessins… majoritairement produites pour l’occasion, y sont agencées de manière originale au sein d’une scénographie novatrice imaginée par Christophe Moreau afin de donner une entière liberté aux artistes de concevoir l’espace adéquat portant idéalement leurs créations. Le Manège Rochambeau se transforme ainsi en une sorte de mini-ville colorée, en un labyrinthe de formes et de volumes savamment conçu pour un parcours surprenant et déroutant.

On y découvre des œuvres inédites de Quentin Aurat & Émilie Pouzet, Rémi Boinot, Karine Bonneval, Thierry-Loïc Boussard, Baptiste Brévart & Guillaume Ettlinger, Bernard Calet, Combey Pion, Sanjin Cosabic, Mario D’Souza, Mathieu Dufois, Marie Losier & la galerie du cartable, Geoffroy Gross, Nils Guadagnin, Hayoun Kwon, Seba Lallemand, Olivier Leroi, Cécile Le Talec, Malik Nejmi, Catherine Radosa, Massinissa Selmani et Dorothy-Shoes.

Le musée de Vendôme, riche de collections d’art ancien, de mobilier historique et d’objets ethnographiques, accueille les artistes Jérôme Poret, Catherine Radosa, Mario D’Souza et Saâdane Afif avec son installation revisitant le ready-made Fountain de Marcel Duchamp de 1917, pièce muséale ainsi montrée pour la première fois en France.

Mr Plume & IncoNito réalisent des graffs sur le bâtiment de l’Union (gare SNCF) et au pied du Manège Rochambeau, tandis que Catherine Radosa, présente une pièce sonore sur les bords du Loir.

La Triennale de Vendôme joue la carte de la diversité en présentant une trentaine d’artistes toutes générations et médiums confondus. Si certains artistes, tels Geoffroy Gross ou Sanjin Cosabic, ont pour ambition d’explorer ce qui fonde l’acte pictural, d’autres privilégient diverses formes d’enregistrement du réel comme la vidéo. C’est notamment le cas de Marie Losier qui s’associe pour l’occasion avec La galerie du cartable. De cette collaboration naît un plateau de tournage en activité doublé d’un cinéma qui, régulièrement, présentera un ensemble de films d’artistes présents dans la Triennale. Parfois, l’image en mouvement peut donner lieu à des fictions étonnantes, imaginant des univers sombres ou bien féériques, souvent hors norme comme en atteste le travail de Mathieu Dufois. Dans d’autres cas, la vidéo incarne une synthèse précaire entre un univers et les grandes questions qui agitent notre monde, comme dans le film étonnant de Malik Nejmi. On retrouve ce même questionnement sur l’histoire contemporaine, sur la manière dont elle se construit, dans la vidéo d’Hayoun Kwon qui revient sur les heures sombres des deux Corées. Ce rapport au réel passe aussi par un travail de mise à distance de notre quotidien ou de perturbations de celui-ci comme le démontrent l’installation de Bernard Calet, celle du tandem Baptiste Brévart & Guillaume Ettlinger, ou encore les sculptures abstraites en sucre de Karine Bonne- val. Chez Massinissa Selmani, l’image, qu’elle soit dessinée ou trouvée dans les supports de presse, prend une dimension ouvertement politique. Quant aux photographies de Dorothy-Shœs, elles attestent d’une enquête subjective sur la manière dont certaines personnes touchées par la maladie construisent un nouveau rapport au corps. Avec Mr Plume & IncoNito, il faut percevoir la pratique du graff comme un questionnement sur les formes qu’une image peut prendre dans l’espace public. Nils Guadagnin ou dans un registre plus coloré Mario D’Souza, nous incitent à refuser une vision de l’univers imposée par les télés et médias pour retrouver la puissance simple des productions de la nature. Les performances de Quentin Aurat & Émilie Pouzet s’inscrivent à la croisée de la danse contemporaine et de l’installation sonore. On retrouve l’idée d’installation sonore chez Catherine Radosa. Son œuvre résulte de son investigation presque ethnologique dans la ville de Vendôme avec une volonté affirmée de donner la parole aux habitants rencontrés. Mais au sein de la Triennale, certains se sont aussi engagés dans une déconstruction expérimentale des langages de l’art tel Combey Pion et ses photographies de sculptures en papier d’objets usuels, tel Séba Lallemand et ses jeux picturaux proches de l’abstraction la plus totale, telle Cécile Le Talec et son imposante sculpture sonore, ou encore Jérôme Poret qui manie avec brio le détournement des codes de l’esthétique du Rock. Enfin, plusieurs pratiques développent une forme d’humour comme autant de réponses distanciées à la crise généralisée de notre monde, notamment avec les objets d’Olivier Leroi.

La description de cette sélection ne serait pas complète sans citer la présence de quelques artistes atypiques comme Saâdane Afif, natif de Vendôme, qui bénéficie aujourd’hui d’une importante reconnaissance internationale, ainsi que de Thierry-Loïc Boussard, disparu prématurément et dont l’œuvre picturale protéiforme se révèle d’une indéniable pertinence. Enfin, la Triennale est l’occasion de découvrir le dernier travail vidéo et sculptural de Rémi Boinot, artiste passeur de la région.

Exposition-événement, la Triennale de Vendôme croise 20 artistes récemments soutenus par la DRAC et la Région par le biais des aides à la création. À ces derniers, les commissaires ont décidé d’adjoindre 5 autres artistes, 5 artistes emblématiques de la région non seulement pour la qualité de leur pratique mais aussi par le rôle de passeur qu’ils ont eu pour les jeunes générations. 25 artistes donc, certains reconnus, d’autres à découvrir. Quant aux œuvres, quelles soient de nouvelles productions imaginées spécifiquement pour l’occasion ou au contraire produites dans le passé, elles attestent d’une seule et même volonté : surprendre tous les publics, qu’ils soient connaisseurs ou néophytes.

Les commissaires
Érik Noulette,
Nadège Piton et Damien Sausset
Emmetrop – Centre d’art Transpalette

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *